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⏹ [CARTE BLANCHE] : De nos aînés, soyons solidaires

Oui, l’Afrique est un continent en plein boom démographique, avec des projections de 2,4 milliards d’habitants en 2050 selon l’ONU. Oui, l’Afrique est un continent majoritairement jeune à près de 70% de sa population. Mais il est aussi une tendance dont on parle très peu ; ou du moins une frange de la population dont on se soucie peu : les personnes âgées.

Un adage prêté à Amadou Hampâté Bah nous enseigne qu’en Afrique « un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Nos grands-parents et parents sont les véritables gardiens de toutes ces traditions et valeurs qui font l’âme de l’Afrique.

La population africaine demeurera globalement jeune pour quelques décennies encore mais il paraît aujourd’hui primordial, pour les pouvoirs publics, d’intégrer les intérêts des personnes âgées dans leurs stratégies de développement. Il est édifiant de constater que le nombre de personnes âgées de plus de 60 ans sur le continent est passé d’environ 12 millions en 1950 à 53 millions en 2005 et atteindra 200 millions en 2050 selon l’ONU. Et qui dit vieillissement dit bien souvent dépendance, laquelle entraîne des niches d’angoisse supplémentaires. En effet, lorsqu’on constate les difficultés qu’ont les personnes retraitées à toucher leur pension, les failles béantes de nos systèmes de santé et l’absence criarde de politiques publiques dédiées, on est en droit de penser à une forme de double peine : En plus d’une mort physique de plus en plus certaine, on assiste également à une mort sociale totalement injustifiée.

photo : Laurent Monty

En Afrique subsaharienne, la majorité des personnes âgées ne bénéficie pas de pension de retraite. Seuls l’Île Maurice, l’Afrique du Sud et quelques pays d’Afrique australe ont mis en place un système de retraite non contributif qui permet à tous les citoyens âgés de plus de 60 ans d’avoir droit à une pension de retraite, même en l’absence de cotisation. De plus, lorsqu’on parle de retraite, on n’évoque que les personnes ayant travaillé dans le secteur formel. Lorsqu’on sait que le secteur informel représente entre 80 et 90% de l’activité économique en Afrique, on comprend aisément l’importance de l’enjeu de la prise en charge financière des personnes âgées. Très souvent, ces dernières ont encore la charge de leur famille et même de leurs enfants en âge de travailler qui peinent à trouver un emploi.

« La personne âgée n’est plus considérée comme un sage mais comme un poids.Si vieillissement rime ordinairement avec dépendance, on assiste paradoxalement à un délitement des solidarités familiales et à l’émergence de situations souvent préoccupantes comme l’isolement des personnes âgées, surtout en milieu rural. Auparavant, les personnes âgées étaient considérées comme une ressource et non pas comme un problème ou un poids. Les familles en prenaient soin et s’en occupaient. Aujourd’hui, les choses ont changé. » affirme HelpAge International, une ONG qui œuvre à l’épanouissement des personnes âgées.

Il y a pourtant beaucoup à tirer, à prendre et à apprendre d’eux. Nos anciens peuvent contribuer significativement à fluidifier les rapports sociaux, à la transmission des valeurs et même à redynamiser certains secteurs économiques.

Je vous invite donc à engager la réflexion avec moi autour des quelques propositions suivantes :

1. Un régime de santé et une protection sociale spécifiques aux personnes âgées de plus de 60 ans (en plus des dispositifs existants), en vue de faciliter leur accès aux soins de santé et aux médicaments.

2. Face à la déperdition des valeurs constatée au niveau de la jeunesse, nous suggérons d’intégrer des cours de « civisme et traditions » dans le programme scolaire. Ils seront exclusivement assurés par nos aînés à la retraite qui se verront ainsi gratifiés d’un bonus sur leur pension.

3. Associer les personnes du 3ème âge autour de coopératives agricoles portées par des programmes nationaux, surtout en milieu rural.

Nous ne le dirons donc jamais assez : le 3ème âge n’est pas la fin du livre, c’est le début d’un nouveau chapitre qui ne peut s’écrire qu’à l’encre de la solidarité et du partage. Il est possible de nouer une alliance objective entre les générations et créer une immunité collective face à l’indifférence.

Nous le pouvons.Nous le leur devons.

*Par Laurent Monty, [Consultant en Géopolitique et Stratégie]

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