Des semaines après les révélations du rapport « Sauvé » de la CIASE, la conférence des évêques de France (CEF) a finalement eu lieu du 2 au 8 novembre derniers, à Lourdes. Il est donc temps pour nous, d’y apporter un début de conclusion dans ce troisième volet lié à la pédocriminalité dans l’Eglise. Et vous imaginez bien que de nombreuses personnes en interne et en dehors du clergé étaient dans l’attente des conclusions de l’assemblée plénière par Mgr Éric de Moulins-Beaufort président des évêques de France.
Alors oui après des semaines où l’Eglise paraissait ne pas manifester « une réelle repentance » sinon du bout des lèvres, où elle avançait à tâtons et balbutiait, les membres du clergé se sont finalement réunis afin de faire cette introspection épiscopale. Ils se sont rassemblés pour se regarder en face, se parler dans la vérité-disent-ils- et certainement se décider à réellement changer les choses. Nous voulons bien les croire, en espérant juste que les décisions prises auront un réel impact sur ces terribles et nauséabondes pratiques. Pour rappel, la publication du rapport de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église (CIASE), le 5 octobre dernier avait créée une véritable onde de choc… même si beaucoup savaient.
« L’ensemble des résolutions que nous avons votées constitue un vaste programme de renouvellement de nos pratiques de gouvernance à l’échelle des diocèses et à l’échelle de l’Église en France », a expliqué Mgr Éric de Moulins-Beaufort
Certaines des résolutions majeures et pas des moindres restent en premier lieu la « reconnaissance de la responsabilité de l’Eglise dans les violences qu’ont subies les plus de 300 000 milles victimes. » ainsi que la reconnaissance de la « dimension systémiques » de celles-ci : dans le sens où l’on ne se retrouve pas face à un cas individuel, mais à un grand nombre de cas rendus possibles dû au fonctionnement collectif et général de l’Eglise.
Sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, reconnaissons que l’omerta au sein de l’Eglise sur ces pratiques a permis que ces actes se perpétuent et ont empêché qu’ils soient dénoncés et surtout sanctionnés. Et nous le répétons… beaucoup savaient. Qu’à cela ne tienne reconnaissant sa responsabilité, l’Eglise ouvre enfin la porte à une véritable justice et une volonté réelle de réparation tant psychique, morale, émotionnelle, que financière, même si nous savons que pour de nombreuses victimes, leur vie est à jamais brisée.
En vue d’indemniser les victimes, les évêques se sont engagés à abonder le fonds SELAM en vendant les biens immobiliers et mobiliers des diocèses. Les montants qui seront donnés à chaque victime restent pour l’heure inconnus et seront certainement traité au cas par cas. Il a donc été écarté la grotesque proposition de faire participer les fidèles.
Concernant la protection des mineurs dans l’Eglise, les évêques de France demandent la vérification systématique des antécédents judiciaires de tout agent pastoral (laïc, personne consacrée, clerc) appelé à travailler auprès des mineurs et décident de la mise en place d’un « tribunal pénal canonique national » qui rentrera en fonction dès le 1er avril 2022
Nous attendons donc, avec impatience, la mise en place concrète de toutes ces décisions en espérant que l’Eglise et son représentant mondial, en la personne du Pape François, sauront par ces actions redonner à l’Eglise l’une de ses missions premières: protéger ses brebis. Espérons surtout que les conséquences de ces crimes à jamais gravés dans les mémoires et les corps des victimes apporteront des remises en question et que plus jamais nous n’allons devoir envoyer nos enfants dans les églises la peur au ventre.
Une conclusion non pas pour oublier mais juste histoire de savoir où nous en sommes et ce qu’il reste encore à faire… parce que ne l’oublions pas les abus sexuels dans l’Eglise ne sont pas des « crises » mais des CRIMES.
Armelle M.